On est donc début Novembre, j'arrive sur Nelson, petite ville charmante située tout au nord de l'île du Sud, réputée pour être l'endroit le plus ensoleillé de l'île. Je débarque donc au Paradiso, une auberge de jeunesse, ou mon collègue Polo vit depuis plus de deux mois, un endroit extraordinaire selon le gazier savoyard. Mes plans sont assez flous, j'ai réservé pour 3 jours le temps de me faire une idée. J'ai aussi la pression du Visa, je risque de devoir quitter le pays dans 2 semaines. J'ai donc demander une prolongation avec un visa 3 mois touriste, mais rien est sur! Chacun a une version différente, je ne suis pas sûr de l'obtenir et c'est un peu le flou. Du coup j'ai quelques plans de secours au cas je devrais m'envoler ailleurs, genre aucun plans.


Bref, les retrouvailles avec Polo font trop plaisir. Je retrouve sa vielle barbichette de savoyard et il a l'air heureux. L'ambiance générale dans l'auberge est vraiment cool aussi. Elle est aussi super bien aménagée, grande cuisine avec immense table en long favorisant les rencontres, table de ping pong, piscine, terrain de volley, billard, minibus cinéma, jaccuzzi, spa, potager, barbeuc, de la folie quoi..Putain je me rends compte en fait en écrivant que c'est la meilleure auberge que j'ai faite de ma vie, au niveau des infrastructures, mais aussi humainement parlant. En effet, l'auberge est gérée par James, un kiwi trentenaire, ancien éducateur pour jeunes adultes en difficulté. Il a le coeur sur la main, passionné par les voyageurs et est toujours motivé pour soutenir les initiatives venant des autres. Du coup au moins une vingtaine de backpackers( voyageurs) font du woofing dans l'auberge pour avoir le logement gratos.


Du côté des rencontres humaines, c'est vraiment puissant. Je me sociabilise très rapidement et j'accroche avec la plupart des gens. Mes talens culinaires m'aident à m'intégrer mais pas que, ma belle gueule et mes qualités que vous avez peut être pu remarquer dans le passé aussi héhé. Des moment merveilleux et riches en émotions s'enchaînent jour après jour. La fabrication de gnochis avec ma pote italienne Claudia pour une vingtaine de personnes, des cours de yoga matinaux avec Danny le mexicain, des barbecues argentins ( asado) avec les collègues sud américains, des cours de planche à voile à moitié prix avec mon pot bourguignon Guigui, des soirées espagnoles ou la sangria coule à flot, des discussions philosophiques posées avec Polo autour d'une cigarette magique. Bref impossible de vous décrire cette multitude de moments vraiment fort. En prenant un peu de recul, je suis vraiment frappé par l'ambiance générale qui règne dans cet endroit. Tout le monde est généreux, les repas sont toujours partagés, les câlins gratuits sont monnaie courante , tout le monde s'entraide. Des valeurs qui me sont très chères et qui sont très présente au quotidien comme la compassion, l'altruisme, le fait de ne pas juger, le partage, l'amour ou la spontanéité, ou même des valeurs écologiques. Tout en oposition bien sur à toutes ces réactions négatives qui m'hirrissent les poils du cul comme l'individualisme, la haine, l' égocentrisme ou encore l'irrespect. Vous allez me dire cela fait un peu bisounours mais je vous assure que d'être entouré d'autant de positivité ça fait un bien fou, tout le monde est heureux dans ce havre de paix qu'est Paradiso. C'est aussi peut être naïf me dirons certains que de croire que la vie est comme ça, et que en général la vie extérieure dans cette société qui va à mille à l'heure est beaucoup plus hostile et que la positivité ne coule pas à flot. Je nen suis complètement pas convaincu, je suis persuadé que notre comportement au quotidien fait toute la différence, le rôle de nos actions, nos émotions , nos sentiments et nos interactions avec les autres jouent un rôle primordial sur notre ressenti, notre bien être physique ou mentale et plus généralement sur notre atteinte au fameux "Bonheur ". Wahou mais je me transforme en philosophe ahah. Ça fait juste du bien de prendre du recul, d'analyser un peu pourquoi j'étais dans une mauvaise période en France( surtout au boulot) et comment j'ai réussi à me sentir vraiment en harmonie avec moi même juste 1 moi plus tard. C'est tellement simple, la puissance de l'environnement, la force mentale qui régie tout et le charabia que je raconte plus haut.


Enfin voilà, la vie est magnifique encore et toujours. Mais je sens deja quelques capitalistes jaloux se dire" Mais c'est quand qu'il bosse ce branlot" Ahah. Ben figurez vous que j'ai bossé dur 2 mois en France( oui je définis ça comme dur), qui mont permis de coffrer un peu de pognon et de toucher un peu daide de l'état..J'essaie de vivre aussi dans un style de sobriété heureuse ( dédicace à tonton Rabhi) qui consiste à ne plus rien acheter de neuf et d'orienter mes achats vers des produits recyclés ou d'occasion, et surtout de controler ces achats compulsifs inutiles. Je ne suis plus un consommateur mouton fou et j'arrive maintenant à me passer de toutes ces choses inutiles qui ont un impact dévastateur sur la planète et sur mon porte monnaie. Je surveille aussi ma consommation alimentaire, j'ai réduits considérablement ma consommation de viande, favorisant les légumes et les poissons frais pêchés avec les copains, toujours pour la même raison, écologique et financière. Je n'ai également pas de voiture. Et je fais souvent du volontariat, ou woofing, qui est un autre moyen selon moi de subvenir à ses besoins. Cela me permets d'éviter de retourner dans le stress et les longues heures de la restauration, et aussi de rencontrer très rapidement des personnes différentes, pleine de générosité et super intéressantes, me laissant ainsi partager leur quotidien très rapidement. Pour ceux que ça intéresse me contacter en privé pour une formation individuelle. Bref, je me fais toujours l'avocat du diable. En effet je suis un être humain comme tout le monde, il m'arrive de craquer mon slip et manger un burger dégueulasse plein de pesticides, d'acheter parfois du matos neuf sportif ( rando ou autre) ou de prendre l'avion ( j'y travaille de plus en plus, bientôt je voyagerais en pirogue). Mais il faut être indulgent avec soi même, enfin j'imagine, et comme on dit Alger ne s'est pas construite en un jour. Enfin bon, ce que j'ai remarqué depuis que je voyage c'est que toutes ces habitudes de consommation, qui font partie de mon quotidien et sont des automatismes désormais, me permettent d'économiser un max de pognon, de ne plus être esclave du monde du travail, et donc par conséquent davoir beaucoup de temps libre, d'être épanoui et de me réaliser dans beaucoup de domaines, et d'explorer cette belle et immense planète. Pas fou le moineau!!


Retour à nos moutons, ayant payé une semaine d'auberge, je touche un mot à James pour lui demander si je peux participer à la vie du Paradiso en échange du logement gratuit. Je lui dit que je suis solide en cuisine, que j'ai vraiment envie de jardiner et que j'ai le permis. Avec une facilité déconcertante et sa fidèle relax attitude propre au Néo-zelandais, il me propose de cuisiner la soupe gratuite servie quotidiennement le soir, de prendre le relais dans le petit potager en m'adoubant jardinier officiel, et d'aller faire quelques courses pour l'auberge et ainsi choisir mes produits pour la soupe. Tellement facile !!! Au bout de deux semaines je commence donc à avoir ma petite routine, je commence à avoir une superbe troupe de pots venant du monde entier, et une petite espagnole, Irene, commence à me chatouiller le museau( m'intérrese fortement) avec ses beaux yeux et sa belle crinière andalouse. La soupe du soir devient de plus en plus populaire, et il commence à y avoir la queue ahha. Les collègues en redemande, on me dit que c'est bon donc la boucle est bouclée. Je mets en place également les family dinner, principe que j'avais déjà vu dans d'autres auberges, qui consiste à proposer un repas quelconque, pour une participation minime, a des voyageurs ne se se connaissant pas ou peu afin qu'ils se réunissent et partagent un bon repas ensemble. Le concept est plutôt folichon je trouve. Vu que j'ai les clefs du van du Paradiso, après avoir fait un petit sondage, je vais faire les courses et propose un couscous végétarien avec salade de fruit pour 5dollars par tête. Quelques collègues m'aident en cuisine et le repas et un succès, on nourrit 43 personnes, je suis remboursé, et je représente l'Algérie, mes racines et bien sûr le couscous de mon père Ali. Plusieurs family dinner seront fait, représentants plusieurs nationalités comme l'Espagne, le Méxique, la France , permettants ainsi de montrer un peu la culture de notre pays, d'être un peu nostalgique et de bouffer et boire comme des gros cochons, ne nous le cachons pas..


A part ça le morale est toujours au beau fixe et on n'arrête pas de s'éclater. Petit weekend rando vers les Nelson lakes avec polenta servie au coin du feu au refuge, weekend chasse et pêche dans les Malborough Sounds entre couilles avec huîtres, moules et cabillaud frais sauvages au menu, session VTT avec le collègue des states dans les collines verdoyantes de Nelson, que des souvenirs inoubliables. Les affaires avancent avec Irene ( on prononcé Iréné svp, ca sonne plus caliente) et le sud de la France et l'Andalousie se rapprochent rapidement.

Hélas tout ces beaux moment qui puent le bonheur ne sont que provisoires et je dois malheureusement rejoindre ma soeur aux Philippines pour deux semaines, afin de voir sa belle tête de rat et manger des langoustes pour Noël sous les cocotiers. Je pars donc le 8 décembre à 8h de Paradiso, les yeux fatigués et le ventre plein des ripailles françaises cuisinés la veille lors de mon repas de départ, l'esprit léger et apaisé, content d'attendre comme un moineau les plumes au vent, le pouce levé, prêt à sauter dans la première voiture qui m'enmenera à Picton pour chopper mon Ferry puis mon avion. Ciao Ciao!!!